Maintenant je ferai ce qu'il est nécessaire que je fasse : écrire donc un commentaire sur ce Monocle qui rit jaune, édité par COIN-DE-MIRE...
Le Crescendo caractérisa le développement de cette tricolore trilogie savoureuse des "Monocles" (du noir, du bleu et du jaune... En niveaux de gris).
A) L'opus premier (le Monocle Noir) aborda timidement ce genre nouveau propre à G.Lautner, et posa comme premier jalon ce mélange si particulier de drame et d'humour décalé, empreint de bons mots, servis par une mise en scène esthétisante : ici un contexte gothique confiné, "sombre" et nocturne.
B) Le second long métrage (l'Oeil du Monocle) élargissait l'horizon, embrassant les eaux "bleues" de la lumineuse méditerranée (en surface et sous les eaux), poussant encore plus loin l'absurde en dispensant des situations cocasses serties de bons mots jouissifs et cinglants, et toujours en privilégiant, de ci et de là, une mise en scène esthétisante souvent caractérisée par de nombreux plans en court-focale (grande angle)…
C) Jusqu'à finir en apothéose avec cet ultime épisode de ce Monocle qui rit "Jaune", et sans plus de raison gardée, faire exploser le barrage de toutes les hésitation en défouraillant l'absurde jusqu'à l'os :
-Un Paul Meurisse interpellant en aparté le spectateur.
-Intervention éphémère de Lino Ventura (clin d'oeil aux "Tontons Flingueurs").
-Hécatombe délirante à coup de flingues (de méchants asiatiques qui trépassent en surnombre sans jamais réellement mourir, pour - de toute façon... réapparaître plus tard…
[En aparté : la mort du personnage pour majeure raison parce qu'il est interprété par Marcel Dalio procure une pincement au coeur !].
-Faire entonner et pousser la chansonnette au trio Meurisse/Dalban/Dalio dans le contexte surréaliste d'un cabaret asiatique…
-Toujours et encore saoupoudrer des dialogues riches et souvent cyniques (aristocratique : Dromard, populeux : Poussin). et pousser le crime jusqu'à faire des démonstrations savoureuse sur la conjugaison des temps et de l'usage du subjoncif ("Jusqu'à présent j'ai fait ce qu'il convenait que je fisse, maintenant je ferai ce qu'il est nécessaire que je fasse"… ).
-L'humour tient donc aussi à un usage de grande qualité de la langue français, notoirement et de manière récurrente (sur les trois opus), en prodiguant sous couvert de scènes théâtrales des citations, des oraisons, des discours déclamés par un merveilleux Paul Meurisse aux faîtes des prouesses dans l'art et la discipline de l'élocution et de la diction...
[En aparté : ces qualités semblent avoir été depuis longtemps bannies de nos jours par de prétendus acteurs/comédiens qui auraient besoin de consulter des orthophonistes, PARLER "VRAI " : OUI, MAIS CORRECTEMENT C'EST MIEUX !"].
-Pousser loin l'esthétisme de certaines scènes par un cadrage qui relèvent d'un certain Art de la Photographie (la séquelle Macao et ses rues désertes)…
[En aparté : On se plait à rêver d'un ARTBook qui offriraient - Si elles existent - un panel des photos des trois tournages de films].
-Enfin et encore, sans parler de "ce plaisir à se faire plaisir" (presque enfantin) en abusant des possibilités d'une caméra (ralentis, marche arrière, etc).
On l'aura bien compris (que les esprits chagrin vipérins économisent leur bave) : quels que soient "Les Monocles", les histoires ne sont que des prétextes à une grosse déconnade… Mais de qualité.
Pour autant, il faudrait noter deux choses qui caractérisent particulièrement ce "Monocle qui rit Jaune" :
1) La partition musicale signée du regretté Michel Magne (un plagiat assumé du "TAKE FIVE du Dave Brubeck quartet") qui, de manière entêtante baigne ce long métrage dans une atmosphère fataliste...
2) Ce qu'aucune grande superproduction (on ne peut s'empêcher de penser aux James Bonderies et autres JasonBourneries du passé ou du moment - puisqu'il est question après tout - d'histoire d'agents secrets) ne seront jamais parvenue à dispenser, malgré des tournages fastueux… C'est cette particularité si "attachante" qui relève de la valeur du documentaire : les déambulations et errances des acteurs au coeur (à leur insu) de vrais gens, de vrais personnes, de vrais êtres humains : rues, marchés, de jour, de nuit, etc.
Une véritable incursion dans le réel, le quotidien sans artifices, en usant de toutes la gamme des longues focales de loin ou parfois caméra à l'épaule au milieu de la foule…
Ce qui (en plus de toutes les raisons évoquées au long de commentaire : de l'absurde à la déconnade), marié avec la musique confère une grâce particulière, presque mélancolique ou du moins magique et sensible…
[En aparté : On se plait à rêver de cette particularité si les scénarios de quelques autres des films de G.lautner, dont les "Tontons Fligueurs" avaient permis (au moins par touches) de filmer par exemples des scènes dans des rues, la nuit, le jour, les halles, les machés, etc].
Bon quant à l'édition coin de mire " DVD/BLU-RAY COFFRET PRESTIGE" , Si on peut -éventuellement - regretter l'absence de scènes inédites… comme DAB RAS :
"De la qualité, encore de la qualité, toujours de la qualité"…